Script
du témoignage de Anne Marie
Extrait
du film"Infection
à VIH : Témoignages sur les trithérapies "
Auteur : Catherine Tourette-Turgis, Réalisateur : Pierre Attia,
Producteur : COMMENT DIRE (VHS 52 min.)
© 1998, Comment Dire
J'ai
27 ans, j'ai un petit garçon qui a 4 ans, donc je suis séropositive
depuis 92, ça correspond au moment où j'ai appris ma grossesse,
c'était la même année et puis maintenant je suis depuis
peu sous bithérapie.
Dans
un premier temps, quand j'ai décidé de mener cette grossesse-là
à terme, je l'ai fait parce que je me suis dit que je ne prendrai
pas le risque une deuxième fois. Maintenant avec les nouveaux traitements,
si ça marche réellement comme on le dit, bien quelque part
il y a un espoir, peut-être, d'avoir un deuxième enfant un
jour.
Mais
il y a quelque chose en moi qui fait que j'ai beaucoup de mal à
prendre un traitement aussi régulièrement pendant aussi
longtemps, enfin c'est même pas pendant aussi longtemps, c'est que,
pour l'instant, je ne sais pas quand est-ce que ça s'arrêtera.
C'est pareil avec les antibiotiques, la pilule.
[Intervention
de son fils] : Et puis tu vomis.
Celui-là, j'avais pas envie de le prendre quoi, c'était
Dès le départ, quand j'ai pris une tri
, une bithérapie,
c'était plus par obligation, si tu veux, que par nécessité,
comme quand on est malade d'une grippe on prend un antibiotique, vraiment
on en a besoin parce qu'on est à plat. On n'est pas bien, il faut
mais c'était pas mon cas avant la bithérapie.
Quand je les prends, je les installe sur mon micro-onde, parce que c'est
un endroit où je passe souvent dans la journée pour me faire
réchauffer un café ou un thé et maintenant j'ai trouvé
une astuce encore, c'est à dire je mets un coquetier vert, d'une
couleur que j'aime bien, enfin je me dis que visuellement, au moins ça
Le jour où j'ai arrêté [traitement], jusqu'à
la veille au soir j'ai pris mon traitement, et puis j'ai dû cogiter
dans la nuit, et le matin, je les ai plus pris [médicaments].
Mon
souhait à moi, c'était de rester naïve [de tout traitement]
le plus longtemps possible et puis d'avoir les meilleurs traitements,
donc d'attendre quoi.
En
fait j'ai eu peu d'effets secondaires, si ce n'est que quelques vomissements
au départ du traitement quoi, mais c'est passé très
vite quoi. Mais lui [son fils], ça lui est resté dans la
tête.
Avec
mon compagnon, parfois on parle, on parle de la séropositivité
et du SIDA devant lui [fils], disons qu'on n'attend pas qu'il soit sorti
dans une autre pièce ou qu'il soit ailleurs pour en parler parce
que c'est aussi notre manière de lui faire passer certains messages,
si tu veux. Mais disons que le "prendre entre quatre yeux" et
lui expliquer les choses c'est plus complexe parce que là disons,
il tend l'oreille, il prend ce qu'il a envie de prendre et le reste, il
le laisse. Tandis que face à lui tout seul et aux questions qu'il
pourrait me poser, j'ai pas forcément les réponses.
Il n'y a pas réellement de lieux où tu peux rencontrer des
mamans séropositives et ou des femmes séropositives tout
simplement.
En
ce moment, je travaille dans une association qui s'occupe, ben précisément,
des traitements du sida. J'occupe un emploi de secrétaire polyvalente.
Quel meilleur lieu, que le lieu où je travaille pour puiser toute
l'information dont j'ai besoin. Et puis, il y a tout le côté
humain de la chose, le fait de se retrouver avec des gens dans la même
situation que moi.
Je
ne voulais pas être cataloguée par rapport à ma séropositivité.
C'est pourquoi, quand j'ai intégré mon poste où je
suis en ce moment quoi, je n'en ai pas parlé tout de suite quoi.
Puis après avec le temps, c'est vrai que, je ne sais pas si c'est
se constituer une identité par rapport à la séropositivité,
mais j'avais un besoin d'afficher ma séropositivité, d'arrêter
de la cacher quoi.
La
toxicomanie on en sort, pour l'instant la séropositivité
pas encore.
Si
quand on fait l'amour, il y a un risque de donner la mort, c'est, c'est
dur quand même. Un accident de préservatif, ça existe,
ce n'est pas des histoires, et bien il y a une espèce de retenue
dans moi qui fait que je ne me donne pas à fond, c'est
Il
y a une peur quoi.
J'ai
envie de vivre seule déjà pour commencer, j'ai envie de
me retrouver, enfin seule ça veut dire avec mon fils, évidemment,
j'ai envie de me retrouver moi-même quoi, sans les contraintes du
couple, j'ai envie de vivre pleinement ma vie quoi.
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