Script du témoignage de Jean Marc
Extrait du film"Infection à VIH : Témoignages sur les trithérapies "
Auteur : Catherine Tourette-Turgis, Réalisateur : Pierre Attia,
Producteur
: COMMENT DIRE (VHS 52 min.)
© 1998, Comment Dire

 

Alors les histoires de mes traitements, bon ça a commencé en 89, enfin à vrai dire, d'abord en 86, et en 89, donc l'AZT et je ne l'ai pas supporté. Il a fallu me transfuser au bout d'un mois, enfin j'étais hospitalisé et puis… je ne pouvais plus travaillé, je ne pouvais rien faire. Là, on a commencé un autre traitement.

Les trithérapies, en tout cas celle que je prends moi, alors l'organisation c'est à partir de 7h du matin, parce que c'est des médicaments qu'il faut que l'on prenne toutes les 8 heures, donc c'est 7h, 15h, 23h et 16h, 24h.
Donc, pour moi, le matin ce n'est pas trop difficile parce que moi je suis du matin. Et le soir, moi je ne suis pas du soir, donc si je me couche à 8h et demi-9h, il faut que je mette un réveil à sonner parce que sinon j'oublie la prise ou des fois je triche un peu, je la prends un peu plus tôt ou je laisse la télé allumée, tu vois, pour ne pas rater ma prise, mais ça m'est arrivé une ou deux fois de la rater quand même.

Je prenais mes médicaments dans leurs boîtes, donc je ne pouvais pas savoir, oui peut-être, je les avais pris, peut-être je ne les avais pas pris, je n'étais pas sûr. Alors, c'était un problème déjà par rapport à ça, donc maintenant je les mets dans une soucoupe, donc si iils sont encore dans la soucoupe, c'est que je ne les ai pas pris.
Ce n'est pas un poids, c'est comme d'aller faire ma lessive, c'est comme d'aller faire ma douche, ça fait partie des choses que je dois faire dans ma journée et puis c'est tout.

A part un peu d'assèchement au niveau des lèvres ou de la bouche ou des choses comme ça, mais sinon pas d'insomnies, pas de nausées, pas de… Mais j'ai eu très peur, avant de commencer la trithérapie j'ai hésité.

Ça a beaucoup changé de choses dans ma vie, absolument, depuis que je sais que déjà ces médicaments ont une certaine efficacité, déjà. J'ai commencé à reprendre un certain espoir, et maintenant que j'ai vu que dans la pratique les choses s'améliorent, relativement, hein, parce que je reste quand même assez réaliste, je sais qu'on est pas encore sorti de l'auberge, mais néanmoins je crois qu'inconsciemment de toute façon, il y a des choses qui ont changé.

Ce qui me motive pour militer à l'association, d'abord l'engagement que j'avais pris vis à vis de moi-même après le décès de Daniel, de m'engager dans la lutte contre le SIDA. On était vraiment très attaché l'un à l'autre et en 89, on est parti au Mexique ensemble et il a commencé à développer une maladie opportuniste et puis donc il a été hospitalisé, il a été pris en charge et puis ça s'est plus ou moins stabilisé, et j'ai décidé cette année-là de lui offrir un voyage, on est parti en Egypte faire une croisière sur le Nil, et c'était vraiment super, voilà. Et puis, sa maladie a évolué, et puis, ça n'allait pas du tout… on peut arrêter un moment ?

Le fait d'être dans ce milieu, ça m'apporte aussi beaucoup, au niveau de l'information sur les traitements. Puis ça me plaît de rencontrer des gens, de…, c'est enrichissant, je, je, de partager tout ça avec des gens au téléphone dans le cadre de ma permanence téléphonique.

Ils nous appellent, soi-disant pour des traitements, mais en fin de compte, ils ont besoin de parler de tout ça quoi, des problèmes que ça leur pose, psychologiques, même des fois des problèmes familiaux ou des fois on a aussi des gens de religion musulmane, c'est pareil, ça leur pose des problèmes, par rapport à leur entourage, parce que qui dit séropositif dit à priori homosexuel au regard de beaucoup de gens, ou si c'est pas homosexuel, c'est toxico, alors tout ça c'est…

Il n'y a plus d'amour, il n'y a plus d'amour. Non, disons que je ne cherche pas à vivre une relation, c'est pas que je cherche, disons que je suis habitué à vivre comme ça maintenant tout seul, donc je n'ai pas envie d'imposer à quelqu'un ce genre de truc, bon, même si quelque part j'aimerais bien vivre une relation peut-être stable, quelque part, quelque part ! aussi parce que j'ai mon indépendance, j'aime bien mon indépendance.

Moi, j'aimerais bien des fois partager des choses, c'est vrai, partager des voyages, partager des émotions, serrer quelqu'un dans mes bras, des trucs comme ça, c'est sûr que c'est…