Souvent en prévention, lorsqu'on évoque la sexualité, on oublie d'aborder ce qui est fondamental, c'est à dire la relation à l'autre. La sexualité, c'est d'abord tenter d'expliciter un lien à l'autre et une complexité d'interactions affectives, érotiques et sexuelles. En ce sens, le rapport sexuel proprement dit n'est que le résultat de ces interactions qui laissent plus ou moins de place pour la formulation du fantasme, du désir.

Faire exister l'autre dans un dialogue sur la sexualité, c'est aussi permettre à la personne qui est en face de nous de se sentir exister dans un lien à l'autre et au monde de l'autre. Car de quoi la sexualité parle-t-elle, si ce n'est du rapport à l'autre, au désir de l'autre, au désir du désir de l'autre... et aussi des difficultés qui émergent de cette complexité du rapport à l'autre.

Faire exister l'autre dans le dialogue a pour effet de démédicaliser ou de dés-intrumentaliser la sexualité et de pouvoir laisser libre cours à une parole ou à des re-formulations qui ne se limitent pas au vocabulaire restreint définissant les pratiques sexuelles dans un but de repérage médical ou strictement sexologique. Il est nécessaire et essentiel, dans une approche centrée sur la complexité des interactions affectives et sexuelles, de laisser la personne elle-même expliciter ce qui ressort de soi, de l'autre, des pratiques sexuelles, de l'amour, du désir.

Cet entretien nous montre bien qu'au delà de soi, l'image du corps est aussi une construction pour l'autre que la maladie ou ses traitements peuvent altérer.